COM2019: La Budgétisation sensible au genre, un instrument stratégique dans la transformation économique

Marrakech – Les participants à une table ronde sur la « Budgétisation sensible au genre » ont souligné, samedi à Marrakech, l’importante contribution de cet instrument stratégique dans la transformation économique et le développement inclusif de l’Afrique.

Cet événement, organisé conjointement par ONU-femmes et le ministère de l’Economie et des finances en marge de la 52è session de la conférence des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique (COM2019) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a été l’occasion pour les experts africains de mener une réflexion profonde et pragmatique sur l’intégration du genre comme moyen de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le contexte de développement actuel de l’Afrique.

« La Budgétisation sensible au genre (BSG) consiste à octroyer des ressources suffisantes et optimisées aux programmes budgétaires visant la réduction des inégalités femme-homme », a expliqué, à cette occasion, le directeur national du centre d’excellence pour la BSG, Ahmed Berrada.

Cet outil, a-t-il ajouté, consiste également à associer aux programmes budgétaires publics des objectifs et des indicateurs de résultat et d’impact en matière de réduction des inégalités homme-femme et à garantir une mise en place effective des programmes budgétaires visant la réduction de ces inégalités via un pilotage par des indicateurs.

M. Berrada a, en outre, relevé que la réussite de la BSG est tributaire d’un certain nombre de facteurs clés, dont la forte adhésion et mobilisation de l’ensemble des acteurs, la mise en place de comités de pilotage et de points focaux au sein des départements ministériels et l’imprégnation de la culture de parité et d’égalité.

Par ailleurs, il a noté que cette budgétisation fait face à deux types de défis, organisationnels et techniques, soulignant la nécessité d’améliorer la communication autour de ce concept, la mise en place d’un système d’informations pour la prise en charge de l’aspect genre, outre l’association des objectifs et indicateurs sensibles au genre aux programmes des politiques publiques.

Pour sa part, Obald Hakizimana, du ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, a affirmé que la BSG permet d’optimiser les dépenses gouvernementales dans la lutte contre les inégalités liées au genre.

« L’objectif de ces programmes ne consiste pas à dresser une liste exhaustive de problèmes, mais à reconnaître les rôles et les contributions des hommes, des femmes, des garçons et des filles et à répondre équitablement à leurs besoins en matière de financement », a-t-il fait remarquer.

Il a, de plus, pointé du doigt le manque de compétences capables d’effectuer une analyse de genre, ce qui en conséquence, rend difficile l’identification des priorités clés en matière de genre et la proposition d’interventions appropriées.

La COM2019, qui se tient du 20 au 26 mars sous le thème « la politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique », met l’accent sur les apports du numérique, aussi bien au développement des échanges économiques en Afrique que sur le plan du renforcement des politiques budgétaires nationales et ainsi que sur l’amélioration de la collecte des recettes fiscales.